Workshop LUD – Grenoble capitale Verte 2022 – Réseau ICLEI La gouvernance des stratégies locales de LUD

Les 9 et 10 mai derniers se réunissaient des membres du réseau ICLEI pour échanger autour des enjeux de la gouvernance locale d’une stratégie de logistique urbaine durable. Retour sur les différentes interventions.

Le témoignage de Grenoble Alpes Métropole

La métropole présente la stratégie qu’elle a bâti afin de concerter l’ensemble des partenaires publics et privés (tous secteurs et filières) pour aboutir à la signature d’un plan d’action pour une logistique urbaine durable en 2015.

Organisés entre 2013 et 2014, 4 séminaires de concertation réunissant une centaine d’acteurs publics et privés (chambres consulaires, transporteurs, fédérations etc.), lesquels ont permis d’améliorer le dialogue entre les différents partenaires et de créer une dynamique positive pour engager les actions concrètes.

Un comité de concertation logistique urbaine a vu le jour ; un espace de gouvernance resté actif jusqu’en 2019. Depuis, la métropole est en réflexion pour faire évoluer cette instance sous un nouveau format et la rendre pérenne, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du programme InTerLUD.

Enfin, Grenoble Alpes Métropole liste ses clefs de la réussite d’une concertation réussie avec les acteurs économiques du territoire, notamment la nécessité d’un portage politique fort, l’organisation de réunions thématiques par filières d’activités en fonction des enjeux, la mise en place d’une instance de suivi régulier des actions et l’association nécessaire des acteurs économiques dans la définition même des actions.

L’exemple de la ville de Groningen (Pays-Bas)

A Groningen, ville des Pays-Bas de 200 000 habitants, les pouvoirs locaux ont souhaité consulter, dans le cadre de la mise en place d’une zone zéro émission en hypercentre dès 2025, l’ensemble des acteurs locaux, en priorisant les commerces locaux. En effet, ils ont considéré que les acteurs de taille importante avaient déjà une logistique très efficace, alors que les commerces locaux livrent avec leur propre flotte, souvent très restreinte. En ce sens, ils ont élaboré un groupe restreint de 10 acteurs locaux, représentant les restaurateurs, la fédération nationale des transporteurs, les marchés de produits frais, les entreprises du bâtiment, de la construction et de la logistique, ainsi que l’université pour la mobilité pour les tenir informés des dernières innovations.

En parallèle, la collectivité a souhaité maintenir le contact avec les acteurs économiques au niveau national – comme elle le fait depuis 20 ans – en organisant plusieurs rencontres par an. La métropole a relevé une prise de conscience de ces acteurs : elle s’est alors demandé comment elle pouvait maintenir cette dynamique d’implication des acteurs économiques dans la collaboration. La stratégie métropolitaine a alors été de maintenir le contact avec ces acteurs, de bâtir une stratégie de communication afin de les tenir informés sur les projets. Cette stratégie a permis de fédérer l’ensemble des acteurs autour de ce projet.

Temps d’échange autour de la gouvernance : interne à la collectivité et en lien avec les acteurs privés.

Suite à ces présentations, les participants se sont regroupés en ateliers pour échanger sur la structuration de la gouvernance interne à la collectivité, et sur la construction d’une gouvernance partagée avec les acteurs économiques du territoire.

Atelier dédié à la gouvernance interne à la collectivité

Cet atelier, animé par Hélène de Solere, co-directrice du programme InTerLUD, a réuni des représentants des réseaux ICLEI et Eurocities, du programme InTerLUD ainsi que des techniciens et techniciennes de l’agglomération d’Annecy (France), Rosario (Argentine), la métropole de Grenoble (France), Prague (République Tchèque).

Ce moment de discussion libre entre les participants a été l’occasion d’échanger sur les enjeux, avancées et perspectives en matière de logistique urbaine et de la construction d’une gouvernance interne efficace pour les porter.

Ces échanges ont permis de mettre en avant des points clés pour assurer une gouvernance interne porteuse de la stratégie de logistique urbaine durable locale. Bien que la thématique de la logistique urbaine soit très transversale, la stratégie est généralement portée en particulier par l’élu et le service déplacements/mobilité, ou par l’élu développement économique et son service technique. Ce dernier a un rôle particulier par sa proximité avec les acteurs économiques locaux.

L’identification claire du ou des élus porteurs de la démarche est également essentielle car un portage politique fort est indispensable pour mener à bien une démarche de logistique urbaine concertée avec les acteurs économiques locaux. Ce portage politique permet à la fois de fédérer les acteurs privés et publics autour d’une stratégie commune et d’assurer sa réalisation et son suivi dans le temps.

Dans le même sens, les échanges ont permis de relever l’importance d’assurer une bonne communication avec les acteurs impliqués, à travers un partage d’informations régulier et de réunions d’échanges.

Enfin, plusieurs collectivités ont dédié un poste de technicien (souvent à travers un recrutement) au suivi de la stratégie de logistique urbaine ainsi qu’à la mise en lien entre les différents partenaires de la démarche : les services de la collectivité impliqués et avec les partenaires externes.

Atelier dédié à la gouvernance acteurs économiques

Cet atelier animé par Jean-André Lasserre, co-directeur du programme InTerLUD, a réuni des collectivités françaises (Nantes Métropole, Grenoble Alpes Métropole) et internationales (Groningue, Madrid) ainsi que d’acteurs économiques et leurs représentants. L’atelier avait pour objectif de travailler sur les conditions d’une collaboration réussie entre une collectivité et les acteurs économiques du territoire.

Les collectivités ont partagé leur expérience de la collaboration avec des acteurs locaux dans le cadre de projets de logistique urbaine. Par les différents témoignages, on voit qu’il y a des modèles institutionnels différents.

Nantes métropole d’abord, qui a exposé sa stratégie de concertation avec les acteurs économiques dans le cadre de sa charte de logistique urbaine durable avec InTerLUD : après une réunion de lancement de la démarche en juin 2021 avec l’idée de réunir tous les acteurs à travers une plénière, la métropole a constitué, avec l’aide de Logistic Low Carbon, un groupe de 15 acteurs représentants les grandes filières économiques (chambre de commerce, associations de commerçants, bâtiment, etc.). Après ce lancement, 6 ateliers de travail ont été organisés en septembre et en octobre afin de faire émerger les grandes problématiques auxquelles sont exposés les acteurs économiques. L’objectif porté par cet atelier était de faire émerger les problématiques qui ressortent du terrain, c’est-à-dire des entreprises locales. En décembre et janvier, un travail en interne a été fait par un comité de pilotage réunissant 12 élus de la métropole, chargé d’arbitrer et de sélectionner les thématiques retenues. En parallèle, le groupe de représentants des acteurs économiques se réunissait lui aussi pour choisir parmi ces mêmes thématiques. En février et mars, les acteurs locaux ont ainsi pu travailler sur 11 actions à travers des groupes thématiques, constitués d’entreprises et de fédérations impliquées dans la démarche.  

A Groningen, ville des Pays-Bas réunissant 200 000 habitants, la stratégie des pouvoirs locaux a été de se concentrer sur la mise en place d’une zone zéro émission en hypercentre dès 2025. Ainsi, les livraisons y sont autorisées de 5h à 12h, puis de 18h à 20h pour certains types de livraisons. En dehors de ces horaires, l’hypercentre est consacré à la population et aux déplacements des particuliers. Pour la mise en place de cette zone à zéro émission, la ville a constitué un groupe restreint de 10 acteurs locaux, représentant les restaurateurs, la fédération nationale des transporteurs, les marchés de produits frais, les entreprises du bâtiment, de la construction et de la logistique, ainsi que l’université.. En parallèle, ils ont souhaité maintenir le contact avec les acteurs nationaux – comme ils le font depuis 20 ans – en organisant plusieurs rencontres par an. . La stratégie métropolitaine est de maintenir le contact avec ces acteurs, de bâtir une stratégie de communication afin de les tenir informés sur les projets. Cette stratégie a permis de fédérer l’ensemble des acteurs autour de ce projet

Ainsi, les politiques logistiques vont dépendre de la stratégie de la ville : du centre-ville pour Groningen et le commerce de proximité, une approche métropolitaine pour Nantes qui inclue tous les secteurs d’activités, y compris les bâtiment-travaux public et la construction, à une stratégie madrilène tributaire du cadre institutionnel, dépendant de la région dans un état semi-fédéral. La collaboration entre les pouvoirs publics et les acteurs locaux est en même temps un mouvement de fond, puisque toutes les villes y réfléchissent et la planifient.

Sur la proposition d’allier un groupe de pilotage assez restreint avec une instance plus large intégrant aussi les entreprises, les acteurs économiques répondent que cela est intéressant dans le cas où le pouvoir public écoute et prend en compte les enjeux des acteurs économiques. Les acteurs économiques présents insistent sur la nécessité d’une concertation constructive – ils souhaitent que leurs contributions soient prises en compte par les décideurs et soient intégrées dans les différentes actions menées par les pouvoirs publics. Les acteurs souhaitent que la concertation s’inscrive dans la durée et conduise à la mise en place d’une collaboration pérenne, d’une stratégie indépendante des changements politiques à la municipalité, par exemple en maintenant au sein de la collectivité un élu dédié à la logistique, ce qui permet de maintenir une certaine continuité dans le suivi du projet.


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