Depuis les débuts du programme InTerLUD à l’automne 2020, 43 territoires travaillent à une meilleure vision des flux et des acteurs de la logistique urbaine, et construisent des gouvernances locales pour la création de plan d’actions concertés. Bilan de ces 30 derniers mois et perspectives pour 2023.
Chiffres clés et enseignements du programme
L’un des objectifs du programme InTerLUD était d’accompagner des collectivités de toutes tailles : pari réussi avec des territoires de 53 000 habitants pour Territoires vendômois (Région Centre Val-de-Loire) à plus de 7 millions pour la Métropole du Grand Paris.
Une majorité de ces collectivités (65%) n’avaient jamais engagé de démarche autour de la logistique urbaine. Le programme leur permet de réaliser un diagnostic des flux, des acteurs et des activités qui composent cette logistique, de construire une gouvernance publique-privée, d’organiser des ateliers de concertation et in fine de co-construire un plan d’actions afin de prendre en considération les enjeux sociaux, économiques et environnementaux autour de la logistique urbaine.
Pour les collectivités plus avancées sur le sujet, l’accompagnement personnalisé du programme a d’ores et déjà permis de s’adapter aux situations locales : relance d’une concertation avec les acteurs économiques du territoire (avec souvent une diversité plus grande d’acteurs invités), mise à jour d’un plan d’action ou mise en œuvre d’une action particulière.
Cette diversité de collectivités accompagnées n’a pas empêché de faire émerger des enjeux communs issus des diagnostics et des concertations : beaucoup de territoires se sont ainsi saisis du sujet de la réglementation (harmonisation, révision des horaires ou gabarits, règles de stationnement, …) mais également du foncier logistique (aires de livraison, espaces de logistiques urbains, …). La thématique de la mobilité des artisans est également apparue grâce à la participation des professionnels du bâtiment aux ateliers de concertation. Ces professionnels étaient auparavant peu identifiés comme des acteurs de la logistique urbaine – notamment par le manque d’information sur la modélisation de leur flux – ont également acquis une visibilité sur de nombreux territoires et ont fait émerger diverses actions.
De nouvelles zones à faibles émissions en 2025
La promulgation de la loi Climat et Résilience en août 2021 a rendu obligatoire la mise en œuvre d’une Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) pour les collectivités de plus de 150 000 habitants d’ici au 31 décembre 2024. Cette annonce a incité de nombreuses collectivités à traiter les sujets de verdissement des flottes des professionnels de la logistique lors de leur concertation InTerLUD.
Chaque territoire ayant ses spécificités, ces sujets communs engendreront des actions distinctes. D’autres thématiques ont également émergé sur certains territoires : la logistique inverse (gestion des flux retours), les circuits cours alimentaires de proximité (pour plus d’information sur ce sujet, le replay de notre webinaire sur le sujet est disponible) ou encore la multimodalité (fluvial, cyclologistique).
Une implication inédite des acteurs économiques
Pour de nombreuses collectivités, comme Grand Angoulême ou Sète Agglopôle Méditerranée, le sujet de la logistique urbaine n’avait jamais été abordé avant l’accompagnement d’InTerLUD. Une de leurs inquiétudes résidait dans la capacité à mobiliser les acteurs locaux de la logistique : transporteurs, grossistes, commerçants ou encore artisans n’avaient, pour certains, jamais été impliqués dans une démarche de concertation. Avec l’appui de Logistic Low Carbon, ces collectivités ont su rassembler les acteurs de leur territoire autour d’enjeux émanant d’entretiens bilatéraux et du diagnostic. Tout au long des étapes de restitution du diagnostic, d’identification des enjeux, d’échanges sur les pistes d’actions, ou encore d’ateliers thématiques, ce sont au total 90 personnes (représentants, professionnels et agents de la collectivité) à Sète et 140 à Angoulême qui ont participé à la démarche. Afin de pérenniser ces échanges, des comités de partenaires - composés des représentants des différents secteurs d’activités - ont été créés : réunies 1 à 2 fois par an, ces instances auront pour rôle de valider, évaluer, et faire évoluer les actions en maintenant le lien entre la collectivité et les professionnels au cours de la vie de leur charte.
Les collectivités peu denses s’emparent aussi du sujet
Au cours du programme InTerLUD, six collectivités de moins de 100 000 habitants ont démarré une démarche d’élaboration de plan d’actions de logistique urbaine. Comment s’approprier cette thématique lorsqu’en apparence le territoire n’est pas contraint par la congestion ou une pollution forte ?
Pour la communauté d’agglomération des Territoires vendômois c’est l’opportunité d’un réaménagement du centre-ville qui a mené la collectivité à réfléchir aux conditions de livraisons. Comme le Grand Sénonais, ce sont le réaménagement des aires de livraisons et l’évolution de la réglementation qui ont été identifiés comme primordial pour éviter les livraisons en double-file et mettre en cohérence l’ouverture des commerces et le temps nécessaire pour livrer l’ensemble du centre-ville.
Pour la communauté d’agglomération de Grand Châtellerault c’est le sujet de l’attractivité du centre-ville, à travers la démarche Action Cœur de Ville, qui a mis en lumière la nécessité de travailler sur une logistique urbaine plus durable. Avec l’explosion des livraisons à domicile, l’accessibilité à des points de retraits mutualisés a été identifié comme levier d’action et pose la question du foncier dédié à la logistique.
À Lamballe Terre et Mer, c’est la volonté des acteurs économiques locaux d’innover sur le dernier km – portée notamment par une association d’entreprises locales - qui a incité la collectivité à s’engager dans la démarche. La question du foncier est également au centre des débats, avec une réflexion sur de nouveaux modes de livraison mutualisée et l’utilisation de véhicules propres et innovants.
L’aboutissement de la démarche après 1 an et demi de concertation
Avec une mobilisation des acteurs économiques dès début 2021, les collectivités de Pau Béarn Pyrénées via le Syndicat Mixte des Mobilités et Nantes Métropole ont abouti à l’automne 2022 à des feuilles de route composées chacune de 11 actions à mettre en œuvre rapidement.
La métropole de Nantes, déjà mature sur le sujet logistique urbaine, avait fait le choix de faire financer par le programme InTerLUD un poste dédié à 100% à l’animation de leur Pacte. Ce poste est aujourd’hui pérennisé pour 3 ans supplémentaires pour travailler sur la mise en œuvre du Pacte et sur un projet européen autour de la logistique urbaine.
De son côté, le Syndicat Mixte de Pau Béarn Mobilités s’est appuyé sur un consultant, également financé en partie par InTerLUD, pour être accompagné tout au long de la démarche et monter en compétence progressivement. La mise en place d’une gouvernance partagée, mobilisant au sein de la collectivité de nombreux services comme le développement économique, l’aménagement urbain, la transition écologique ou encore la gestion des déchets, et pour les professionnels un comité de représentants des acteurs économiques, a installé le sujet de la logistique urbaine de manière pérenne sur ces territoires. L’identification des actions doit maintenant faire place à des groupes projets, réunis tout au long de l’année 2023, pour travailler à la mise en œuvre opérationnelle. Pour les deux collectivités, un groupe projet sur la mise en place de leur ZFE est prévu.
Les perspectives pour le printemps 2023
Le programme InTerLUD devait initialement se terminer au 31 décembre 2022. Les membres du Comité de Pilotage ont accepté de prolonger le dispositif jusqu’en avril 2023, afin de permettre au Cerema et à Logistic Low Carbon de continuer à accompagner les 43 collectivités engagées.
Sur ces 43 collectivités, 25 EPCI sont encore aujourd’hui dans une phase de concertation. La prolongation du programme jusqu’au printemps 2023 leur permettra d’aboutir à l’élaboration d’un plan d’action, et ainsi finaliser leur charte de logistique urbaine durable sous l’égide d’InTerLUD. D’autres collectivités, engagées courant 2022, sont actuellement en phase de diagnostic comme Cannes-Pays de Lérins ou Lorient Agglomération. Pour elles, la concertation commencera en 2023 et l’élaboration de leur charte se fera après la fin du programme InTerLUD. Afin d’être en mesure de poursuivre l’accompagnement proposé à ces collectivités et également de pouvoir accompagner de nouveaux territoires après 2023, le Cerema, Logistic Low Carbon et Rozo ont déposé un nouveau programme dans le cadre du dispositif des CEE… A suivre !