Les 9 et 10 mai derniers se réunissaient des membres du réseau ICLEI pour échanger autour des enjeux du e-commerce et des solutions apportées localement. L’évènement a été retransmis en direct par InTerLUD. Retour sur les différentes interventions.
Le e-commerce sur le territoire de la Grenoble Alpes Métropole
Grenoble Alpes Métropole explique dans cet extrait les enjeux du e-commerce sur son territoire. Celle-ci, composée de 49 communes très diverses (des petites et des plus grandes telles que Grenoble), de 500 000 habitants et d’une superficie de 500 km2, a des enjeux très forts en termes de qualité de l’air, ce qui est notamment dû à sa topographie particulière : elle est entourée de montagnes. Ainsi, la métropole a élaboré un Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET) 2020-2030 pour agir sur l’amélioration de la qualité de l’air sur le territoire.
S’agissant de sa situation géographique et logistique, la majorité des plateformes logistiques autour de Lyon assurent le rôle de plaque tournante pour l’approvisionnement de toute la région et les 2/3 des flux qui proviennent de Grenoble sont orientés vers le Nord de l’Isère et la métropole Lyonnaise proche. De même, la métropole grenobloise est reliée aux autres pôles économiques par des corridors et des pôles logistiques de dimensions nationale et internationale.
La métropole est traversée par des nombreux flux d’échanges de marchandises, avec environ 3 500 poids-lourds circulant quotidiennement dans l’agglomération. Toutes ces problématiques ont mené à la signature en 2015 d’un plan d’actions pour agir sur la logistique urbaine en concertation, soit 18 actions concrètes partagées par l’ensemble des acteurs publics et privés du territoire. Enfin, Grenoble Alpes Métropole s’est aussi engagée récemment dans le programme InTerLUD, lequel offre des moyens financiers et un accompagnement méthodologique pour permettre la concertation et la mise en œuvre de ces actions avec les partenaires privés d’ici à 2023.
Les études sur le e-commerce en région Auvergne-Rhône-Alpes de l’AURG
1ère intervention : L’Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise (AURG) présente une étude qu’elle a mené sur les effets du e-commerce sur l’aménagement territorial de la région.
Cette étude note une généralisation des pratiques d’achat sur internet, une réalité nationale puisque 40 millions de Français ont commandé sur internet en 2019. La croissance du e-commerce est exponentielle, puisque ce dernier a crû en moyenne en France de 2.5% par an depuis 2014, une dynamique accélérée encore pendant et après le COVID.
L’Auvergne-Rhône-Alpes est d’ailleurs la 2ème région en France où l’on achète le plus en ligne après la région parisienne, puisque 67% des habitants de la région indiquent avoir commandé en ligne, un chiffre qui affirme un principe : plus le territoire dispose d’une offre commerciale physique, moins ses habitants auront recours au e-commerce.
L’épidémie de COVID a accéléré encore des nouvelles pratiques, lesquelles ont nécessité une forte réactivité des distributeurs pour faire face aux nouvelles contraintes et aux nouvelles habitudes de consommation.
2éme intervention : L’Agence présente ici la synthèse d’une étude qu’elle a mené en 2021 auprès de 5 commerçants du territoire grenoblois (deux acteurs des loisirs, deux acteurs du bricolage, une grande surface alimentaire).
Si l’étude avait pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement du e-commerce sur le territoire, elle a permis de recueillir des informations sur sa dynamique et la typologie des clients de l’achat en ligne.
La croissance substantielle du e-commerce est là aussi mesurée à l’échelle métropolitaine, puisqu’à titre d’exemple, l’Entrepôt du Bricolage a doublé son chiffre d’affaires relatif au e-commerce entre 2019 et 2021, une croissance tellement rapide qu’elle y entraine des difficultés à s’adapter aux nouvelles pratiques (difficultés de recrutement par exemple).
Un point de vue nord-américaine sur le e-commerce : le témoignage de la ville de Portland
Portland est un centre d’exportation et d’importation majeure aux Etats-Unis. Ayant signé des partenariats d’éco-logistique, la ville est très orientée vers le soutien des centres de développement et stratégies d’acheminement afin d’optimiser les différentes logistiques et les livraisons. De même, Portland encourage vivement sa population à se déplacer à pied, à vélo ou en trottinette électrique, qu’elle promeut particulièrement.
La ville jouit d’une longue tradition de planification logistique : elle a été l’une des premières villes aux Etats-Unis à développer une stratégie bas carbone en 1993. Depuis, elle a bâti un schéma de logistique en 2006, un schéma d’affrêtement durable en 2012, et souhaite mettre à jour ces objectifs à travers un nouveau plan d’« Affrêtement 2040 », centré sur l’importance du respect des exigences environnementales.
Comme de nombreuses villes, Portland a connu une croissance très forte du e-commerce récemment, avec une augmentation de 27% des livraisons en ces deux dernières années. Entrainant de forts changements sur sa logistique – au détriment des petits commerces qui ont vu leur clientèle diminuer –, la ville travaille à rendre ces livraisons plus durables. Ainsi fait-elle appel à de nombreux spécialistes pour réduire l’impact du transport de la ville sur le climat, ce qui a notamment conduit à l’adoption de véhicules électriques ou à la livraison par des véhicules autonomes ou des drones. Portland réfléchit à la manière d’infléchir la gouvernance en matière logistique en incitant les nouvelles solutions à respecter certaines exigences : la performance, la qualité, la réduction de l’impact sur l’environnement.
En Europe : le e-commerce dans la ville de Madrid
Peuplée de 3,3 millions d’habitants – ce qui en fait l’une des capitales les plus peuplées d’Europe, Madrid a connu avec le Covid une croissance substantielle du e-commerce, puisque les commandes en ligne ont doublé en 2 ans. De même, 35% de la population madrilène commande en ligne chaque semaine. Si le rythme des commandes a baissé depuis le recul de la pandémie, il reste toujours très soutenu.
Ainsi, Madrid travaille à une véritable stratégie pour la distribution urbaine des biens. En septembre 2019 déjà, la ville présentait « Stratégie Madrid 360 » pour répondre aux enjeux de logistique urbaine. Depuis, elle a bâti un plan de mobilité durable contenu des mesures en faveur d’une décarbonation des livraisons, dans un territoire où la livraison des biens représente 50% de la pollution de l’air. Ce nouveau plan est en cours d’approbation.
La ville travaille actuellement avec les entreprises et les livreurs afin de réguler, de sensibiliser et de proposer une planification collective de la livraison sur le territoire, alors que beaucoup de biens sont encore livrés par des véhicules diesel.
Ainsi, Madrid planifie plusieurs solutions pour optimiser les livraisons et répondre aux exigences environnementales :
- La promotion des véhicules verts, à travers des aides financières pour le verdissement des véhicules légers
- L’utilisation de micro-hubs pour le dernier kilomètre, avec des livraisons effectuées par des véhicules électriques.
- La mise en place de consignes colis (12 aujourd’hui, 4 de plus prochainement)
- La restriction de l’entrée aux véhicules polluants. Depuis le 1er janvier 2022 est mise en place une ZFE progressive, laquelle deviendra la plus grande ZFE d’Europe d’ici à 2025.
