Les 5 bonnes raisons de mener une concertation sur vos territoires

Le maître mot de la méthodologie InTerLUD est la concertation. Pourquoi promouvoir ce dialogue entre acteurs privés et publics ? Comment cette concertation permet-elle de développer des actions adaptées aux enjeux locaux ? Comment favoriser le succès des actions ciblées ? Retour sur les facteurs clé de réussite.

Raison n°1 : Nourrir le diagnostic et recueillir les enjeux

En lançant une concertation sur le sujet de la logistique urbaine, il est possible de recueillir les expériences et avis des différents acteurs sur le sujet. Cela vaut à la fois pour les services en interne de la collectivité et pour les acteurs économiques sur le terrain. Le partage des enjeux et problématiques de chacun nourrit un diagnostic avec une approche qualitative des sujets comme l’utilisation des aires de livraison, la pertinence des horaires de livraison et des réglementations, le lien avec les actions recensées sur d’autres projets (Action Cœur de Ville, Label Climat-Air-Energie anciennement Cit’ergie, Territoires d’Industrie, PCAET, PDM)... La construction de cette concertation va permettre également d’identifier les acteurs clés du secteur. Dans le domaine de la logistique urbaine, il est important d’étendre le dialogue au-delà des transporteurs et logisticiens en intégrant des artisans (y compris du BTP), des commerçants, des grossistes, des chargeurs et certains délégataires de service public. Chacun participe à un maillon de la chaine logistique, en tant que client ou prestataire.

Raison n°2 : Se connaitre et se comprendre

L’organisation d’une concertation autour de la logistique urbaine permet de créer une zone de rencontre entre acteurs publics et privés. Elle donne la possibilité à chacun de comprendre le champ de contrainte de l’autre. Chaque secteur prend ainsi conscience de l’impact que son activité peut avoir sur les autres – occupation de l’espace, horaires de livraison / réception, pollution sonore, etc. La meilleure connaissance de l’écosystème de la logistique urbaine va favoriser la recherche de solutions adaptées à tous. Cet écosystème s’intègre dans la concertation à travers un travail d’identification et de représentativité de toutes les parties prenantes dans les enjeux de logistique urbaine. Ainsi, pointer les secteurs d’activité concernés et favoriser la désignation d’un porte-parole, notamment en s’appuyant sur les organisations professionnelles existantes, pourra permettre des réflexions au nom d’un collectif et de porter les intérêts de tous à travers une gouvernance réfléchie et structurée.

Ces échanges permettent également aux pouvoirs publics de mieux comprendre ce sujet, afin d’intégrer pleinement la logistique urbaine dans leurs politiques. À Nantes Métropole, les échanges menés depuis l’appel à projet FLUX, puis dans le cadre du Pacte pour une logistique urbaine durable et résiliente, ont permis de mieux considérer la logistique urbaine dans les politiques métropolitaines. Depuis le mandat municipal 2014-2020, la ville de Nantes confie à un élu une délégation sur la logistique urbaine. Il en est de même pour la métropole depuis le dernier renouvellement des conseils municipal et métropolitain. Ce portage politique permet aux élus et techniciens de découvrir et d’attribuer du temps à cette thématique du transport de marchandises, encore peu appréhendée au sein des collectivités.

Au sein du GrandAngoulême, le sujet de la logistique urbaine n’avait par exemple jamais été traité par les services avant 2021, année de l’entrée dans le programme InTerLUD. Des signaux faibles permettaient de voir que les acteurs économiques avaient besoin d’un soutien de la collectivité pour progresser dans leurs pratiques. La concertation, débutée en novembre 2021, a permis de créer des partenariats entre les entreprises locales et a impliqué les différents services (commerce, stationnement ou encore transition écologique) dans la compréhension des enjeux du transport de marchandises.

Raison n°3 : Travailler ensemble aux modalités du changement

Après cette phase d’échanges et de partage des enjeux, la concertation permet de réfléchir collectivement à l’évolution des pratiques. Pour participer au changement, il faut pouvoir se l’approprier afin de mieux l’accepter. C’est en définissant des actions ambitieuses mais réalistes, émergeant du terrain, que les professionnels s’engageront dans une logistique urbaine plus durable. La concertation est également l’occasion de partager des bonnes pratiques entre acteurs, comme l’engagement dans le programme EVE (Engagements volontaires pour l’environnement) ou de lancer des expérimentations, parfois en collaboration avec d’autres acteurs. À Nantes, ce sont par exemple VNF et les Coursiers Nantais qui expérimentent l’utilisation du fleuve pour y installer une barge entrepôt.

Il sera primordial pour un EPCI (établissement public de coopération intercommunale) d’être attentif à tous types de propositions lors de la concertation. Les acteurs économiques devront être invités à construire un projet, un plan d’actions, et non pas simplement réagir à un plan déjà prédéfini. Il en va du succès de ce dialogue et de la création d’un lien de confiance entre les participants.

Raison n°4 : Créer de l’émulation et de l’intérêt pour la logistique urbaine

Autre bénéfice à lancer une concertation sur le territoire : rendre le sujet de la logistique urbaine visible. C’est ainsi qu’on découvre les liens avec des projets passés et à venir et que l’on crée une cohésion territoriale sur le sujet. Depuis son démarrage il y a plus d’un an, le programme InTerLUD a permis de mettre sur le devant de la scène les acteurs de la logistique du dernier kilomètre, et de sensibiliser les acteurs publics sur ses impacts sociaux, économiques et environnementaux. Le sujet de la sensibilisation des consommateurs aux besoins logistiques et aux impacts des nouveaux modes de consommation fait aussi partie des actions identifiées sur certains territoires. Redonner une image positive à la logistique, comme activité indispensable à la vitalité de la ville, est un des challenges auquel la démarche de concertation peut répondre, tant auprès des pouvoirs publics qu’auprès des citoyens.

Raison n°5 : Développer des actions ancrées sur le territoire

A plusieurs on va plus loin. Une charte pour une logistique urbaine durable offre la possibilité de mener des actions collaboratives qui vont au-delà du champ de compétence de la collectivité. L’organisation d’une concertation permet aux acteurs privés de se saisir de certains sujets et de s’engager pour une évolution de leurs pratiques : verdissement des flottes de véhicules, développement d’espaces logistiques urbains, multimodalité (fluvial, ferroviaire, cyclo-logistique), etc. Ces actions pourront être menées avec le soutien des pouvoirs publics : développement d’infrastructures, schémas directeurs, réglementations.

Une concertation garante de la bonne représentativité des professionnels est un moyen efficace de proposer des actions locales, en lien avec les enjeux spécifiques du territoire. Ils peuvent être d’ordre économiques -revitalisation du centre-ville-, topographiques -fortes pentes- ou encore géographiques -présence d’un fleuve par exemple. Ces actions, proposées ou validées par les acteurs locaux, seront ainsi réalistes et à la hauteur des enjeux. Le développement des motorisations alternatives par exemple, sujet de réflexion nationale, a également toute sa place au niveau local :   beaucoup d’acteurs économiques relèvent l’importance de l’appui des pouvoir publics pour l’implantation de stations d’avitaillement ou encore pour des aides à la transition énergétique.

Le Syndicat mixte de transport Valence Romans Déplacements, a déjà pu réaliser cet exercice. Concernant son schéma directeur de la mobilité des marchandises, la mise en place des premières actions s’est accompagnée d’une concertation avec les professionnels du territoire : une instance a été créée pour réunir les partenaires des organisation professionnelles, institutions publiques, entreprises ou encore chambres consulaires. Cette même instance est aujourd’hui réanimée et enrichie pour poursuivre le travail de mise en application des actions, en invitant le monde du privé à participer à la démarche.

Bonus : créer un collectif d’ambassadeurs de « votre charte »

Après ces quelques mois de concertation qui mèneront à la rédaction d’une charte pour une logistique urbaine durable et à la création d’un plan d’actions concerté et signé par tous les participants, les acteurs publics et privés qui auront contribué seront les meilleurs ambassadeurs de cet outil.

Pour pérenniser cette concertation et le dialogue entre acteurs publics et privés, certaines collectivités créent une instance de partenaires, qui rassemblent les représentants des différents secteurs d’activité. Ainsi le Syndicat mixte des mobilités Pau Béarn Pyrénées fait participer cette instance des partenaires aux grandes décisions autour de la charte. En mars dernier, ce comité a pu s’exprimer sur la priorisation des actions à lancer, et sera de nouveau convié pour suivre l’avancée des actions suite à la signature de la charte InTerLUD.

Afin de lancer cette concertation sur votre territoire, consultez les outils et informations mis à disposition par le programme InTerLUD, et n’hésitez pas à prendre contact avec vos référents locaux.

EPCI : établissement public de coopération intercommunale. L’intercommunalité désigne une forme de coopération entre les communes, qui peut se regrouper sous des formes différentes (syndicats de communes, communautés de communes, communautés urbaines, communautés d’agglomération, métropoles). Le programme InTerLUD s’adresse uniquement aux communautés urbaines, communautés d’agglomération et métropoles. Source : vie-publique.fr.

EVE : engagements volontaires pour l’environnement. Ce programme est porté par l’Ademe et des organisations professionnelles. Il accompagne l’ensemble des acteurs du transport routier et de la chaîne logistique dans la réduction de l’impact énergétique et environnemental de leurs activités. Objectif CO2 concerne plus particulièrement les transporteurs et les grossistes qui souhaitent s’engager sur un plan d’action personnalisé.

Grossiste : un grossiste sélectionne, stocke, commercialise et livre en camion, le plus souvent, différentes gammes de produits alimentaires ou non alimentaires à ses différents clients professionnels, souvent situés en centre-ville, comme des pharmacies, restaurants, chantiers, supérettes, etc.

InTerLUD : innovation territoriale logistique urbaine durable. Ce programme CEE (certificats d’économies d’énergie) 2019-2022 vise à créer des espaces de concertation et de dialogue entre les acteurs publics et privés d’un même territoire, pour leur permettre d’élaborer ensemble, des chartes de logistique urbaine durable.

Organisations professionnelles : elles représentent et défendent les intérêts des entreprises adhérentes d’un même secteur d’activité. Celles qui sont reconnues comme représentatives par la direction générale du Travail sont habilitées à négocier les accords collectifs.


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