Rencontres dans les Hauts-De-France autour des enjeux de la logistique urbaine

Dans le cadre du programme InTerLUD, le Cerema et Logistic-Low-Carbon organisent des événements territorialisés : ils permettent notamment de mobiliser des professionnels de la logistique et des acteurs publics autour d’enjeux régionaux et locaux liés en particulier à l’augmentation des flux de marchandises et à la nécessité de s’organiser pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques (dont les particules fines). Le premier a eu lieu le 11 février 2021 dans les Hauts-de-France. Retour sur les principaux enseignements !

Une volonté d’agir affirmée et partagée


Mobiliser les collectivités et impliquer les acteurs économiques, c’est tout l’objectif du programme InTerLUD. Une démarche partenariale rendue possible grâce à des acteurs qui s’engagent pour une logistique urbaine plus durable.

Le 11 février dernier, sur le plateau du journaliste Jean-Michel Lobry, le témoignage de Sébastien Fougnier (directeur de l’urbanisme et des mobilités de la communauté d’agglomération Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane) a permis d’introduire le positionnement des collectivités sur ce sujet. Il a en effet témoigné de leur volonté d’accompagner les évolutions logistiques complexes avec une vision durable et écologique, et est notamment revenu sur le projet de territoire dans lequel « (…) les mobilités ont été ciblées comme un enjeu majeur. Il y a, en effet, une envie d’anticiper et de maitriser ces flux au niveau du territoire. » Une démarche que Sébastien Fougnier définit comme nouvelle et qui s’explique, selon lui, grâce à la prise de conscience durant la crise sanitaire de « la petite logistique », c’est-à-dire la multiplication des livraisons des petits colis aux particuliers.

L’enjeu environnemental est également une préoccupation partagée par les professionnels. Chaque groupe active les leviers qu’il a à sa disposition. Ainsi, pour un groupe du Nord comme LOG’S, le président Franck Grimonprez souligne par exemple l’importance de choisir des partenaires qui s’engagent dans une démarche de verdissement de flotte. Le groupe communique également de manière transparente sur ses émissions de carbone.

S’impliquer, c’est collaborer et participer à la mise en place de politique publique de logistique urbaine forte. L’objectif, c’est que les collectivités puissent comprendre les contraintes des professionnels pour mieux porter ce sujet transverse.

5 grands enjeux logistiques


Lors des échanges qui ont eu lieu, Ludovic Vaillant, chercheur au Cerema et responsable de l’équipe de recherche Esprim (perturbations et résilience des systèmes de mobilité), a introduit cinq grands enjeux :

1/ La gestion des flux : l’intensification du transport en termes de fréquence et de volume pose des questions de congestion et de pollution qui touchent tous les territoires, et non pas uniquement les métropoles.

2/ Les stratégies d’implantations logistiques : il s’agit de « réaménager l’aménagement du territoire » en créant un dialogue entre les pouvoirs publics et les promoteurs immobiliers.

3/ La transition énergétique : la France a été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne pour dépassement du seuil de N02 ; la région des Hauts-de-France est particulièrement concernée par les enjeux de la qualité de l’air, notamment la réduction des émissions de particules fines.

4/ Le changement de pratiques : il est nécessaire d’accompagner le changement de mentalité, autant du côté professionnel quand il s’agit d’intégrer des pratiques comme la mutualisation ou encore le report modal, que du côté consommateurs quand il est nécessaire d’avoir conscience des conséquences de ses achats : pollution, ubérisation des emplois… « Une responsabilisation du citoyen nécessaire et largement identifiée comme un manque », remarque Patrice Pennel, président Medef Hauts-de-France.

5/ Les cadres du dialogue : il n’existe pas une logistique, il y a de multiples formes de logistiques. Il semble ainsi important que les politiques prennent le temps d’appréhender cette diversité. De même, il semble urgent de décrypter les flux des territoires afin de collecter et de partager de la donnée.

Ces enjeux s’inscrivent dans un contexte particulier d’accélération de la mise en place de Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m). « Un bouleversement relativement important », comme le fait remarquer Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité qualité de l’air à l’Ademe Hauts-de-France, lié au projet de loi Climat et Résilience issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat. À l’échelle des Hauts-de-France, le projet d’obligation de mettre en place une ZFE avec un seuil des 150 000 habitants concernerait plusieurs agglomérations. Cette obligation devrait se mettre en place au 1er janvier 2025. Un futur proche qui nécessite de rapidement mettre en place des études et de réfléchir à des scénarios : des démarches dans lesquelles le déploiement du programme InTerLUD s’imbrique parfaitement pour faciliter ces cohésions territoriales !

Penser concret et apprendre à travailler ensemble


François de Bertier, président du cluster Trans Ten en région Occitanie, insiste sur le fait que les transporteurs sont trop souvent montrés du doigt comme étant des encombrants et des pollueurs. Ce transporteur a vite réalisé la nécessité « de s’associer » à sa collectivité pour mieux gérer les transitions, même s’il a fallu du temps pour « s’aligner ». Il a participé à l’élaboration du Plan de déplacement urbain (PDU), à la mise en place collective d’une charte des livraisons en ville à Toulouse, au projet Toulouse Logistique urbaine pour effectuer des livraisons regroupées et enfin aux sollicitations sur des scénarios pour la mise en place d’une ZFE en 2021. Se mettre d’accord sur des actions simples et opérationnelles, voilà la meilleure façon d’apprendre « mutuellement en avançant » estime François de Bertier.

Prendre la mesure des contraintes du monde économique


Sur l’expérience Occitane, Olivier François, directeur régional de Passion Froids soutient que si « on veut faire mieux demain, il ne faut pas viser la révolution mais l’évolution ». De la même manière, Patrice Pennel insiste sur la nécessité de travailler en cohérence avec les programmes déjà en place dans les territoires : par exemple, dans les Hauts-de-France, en créant des liens avec ce qui a été réalisé dans le cadre de Rev3.

Et d’insister sur la nécessité d’inscrire les évolutions dans la durée : « Une entreprise ne peut pas se permettre de changer ses investissements tous les deux ans. Oui, les entreprises peuvent faire mieux mais c’est important de respecter leur temporalité pour qu’elles puissent suivre ces mutations. »


> Séquence 1
 : Les grands enjeux de la logistique urbaine ▪ Intervention de Ludovic Vaillant du Cerema

> Séquence 2 : La mise en place des futures ZFE ▪ Intervention de Mathieu Chassignet de l’Ademe Hauts-de-France

> Séquence 3 : Le dispositif d’accompagnement d’InTerLUD ▪ Interventions de Emma Péricard de Logistic-Low_Carbon et de Didier Baudry du Cerema

> Séquence 4 : Les témoignages de collaborations entre acteurs publics et privés ▪ Interventions de François de Bertier du cluster Trans Ten et Sébastien Fougnie de la CA de Béthune-Bruay, Artois Lys Romane

> Séquence 5 : Les synergies bénéfiques entre acteurs économiques ▪ Interventions de Emma Péricard, Patrice Pennel président du Medef Hauts-de-France, Olivier François de PassionFroid et François de Bertier.


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