CDU de Bayonne

Mutualiser les flux sur Bayonne et ses alentours et organiser des livraisons « décarbonées » pour le dernier kilomètre
12.10.2022 / logistique-urbaine-durable / Nouvelle Aquitaine

Quelle est l'innovation portée par le projet ?

Ce Centre de Distribution Urbain (CDU) est géré par une SCOP et est aujourd’hui rentable sans aide des pouvoirs publics.

Année de mise en oeuvre : 2014

Porteur du projet

Collectivité

Ville de Bayonne

https://www.bayonne.fr/

Ville de Bayonne

MAIRIE DE BAYONNE Adresse: 1 avenue Maréchal Leclerc
64100 Bayonne

05 59 46 61 66

https://www.bayonne.fr/

g.delhaie@bayonne.fr

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Comment le projet fonctionne t-il ? +

Bayonne offre un hypercentre avec un vaste plateau piétonnier pour une importante offre commerçante mais aussi des voies héritées d’un passé ancien, peu adaptées à la livraison par gros porteurs. La livraison sur le « dernier km » est un sujet crucial. Avec le Plan Climat et la démarche Agenda 21, il a été décidé de définir de nouvelles règles de desserte des marchandises en centre-ville afin de favoriser les véhicules moins émissifs. L'objectif était de réfléchir à un système de livraisons en centre-ville plus vertueux, avec un enjeu pour la santé mais aussi pour le confort visuel et la limitation du bruit en centre-ville.


Depuis 2014, il a été créé un espace de logistique urbain (ELU) afin de mutualiser les flux et de proposer des livraisons en centre-ville par véhicules électriques (vélos cargos et véhicules légers) et hybrides (poids lourds). L’objectif initial était de couvrir 10% à 15% des livraisons sur l’hypercentre.


En 2020, en hypercentre de Bayonne : 4 000 à 5 000 unités / mois sont livrées.


Il a d’abord été réalisé en 2012-2013 une étude quantitative des flux de marchandises en ville (via Freturb) et une étude qualitative, qui ont permis de définir les implantations logistiques et les usages de livraisons/enlèvements sur le territoire.


Suite à ça, un premier CDU de 700m² a ouvert à 2km du centre-ville en 2014, exploité par la SCOP Hemengo Erlea. Il était prévu que le loyer soit partiellement subventionné par la ville pendant 3 ans. Dès 2015, la SCOP change de locaux car le loyer en centre-ville était trop élevé, et la surface trop grande. En 2020, l’activité est finalement déplacée vers une plateforme de 1200m², située sur la ZA Saint-Etienne (à 4km au nord du centre-ville de Bayonne) couplée à un deuxième CDU, situé en centre-ville. La plateforme de la ZA sert de centre de tri et de consolidation. Une partie des marchandises sont acheminées vers le CDU du centre-ville par 2 poids lourds hybrides de 7,5T, où elles sont transbordées dans des triporteurs électriques pour assurer les derniers kilomètres/mètres en hyper-centre. Les plus gros volumes sont acheminés en centre-ville directement par 2 véhicules légers électriques (Kangoo et Colibus) depuis la plateforme de la ZA. En 2022, la SCOP emploie 47 personnes dont 28 sont coopérateurs.



85% des volumes livrés en centre-ville proviennent d’une dizaine de clients, principalement des confrères (transporteurs DPD, DHL, …).


 


Quels sont les usages concernés par le projet ? +

Hemengo Erlea réalise de la sous-traitance pour le compte d’autres transporteurs (colis, palettes), et signe des contrats de gestion du « premier kilomètre » avec des clients situés dans le centre-ville (commerçants notamment).


A noter qu’Hemengo Erlea a diversifié son activité en assurant d’autres prestations de transports dans l’agglomération et la région au départ de la plateforme de la ZA St Etienne.


Quels sont les clefs de réussites et leviers facilitateurs du projet ? +

Le succès de cette opération a reposé sur :



  • Gisement fort de mouvements sur un espace géographique restreint (densité forte de livraisons)

  • Morphologie du centre-ville qui se prête peu à un trafic intensif de véhicules de livraison (rues étroites, zones piétonnes…)

  • Une forte volonté politique : Bayonne a été précurseur de la piétonisation et des modes doux (navette électrique gratuite sur l’hypercentre piéton et parkings relais) ;

  • Un accompagnement réglementaire : les triporteurs à assistance électrique peuvent livrer toute la journée, sans aucune contrainte ; Les “véhicules utilitaires propres” (électriques ou hybrides utilisés en mode électrique) de moins de 2 mètres de hauteur disposent d’une autorisation élargie de 6h à 11h30 puis VL de 14h30 à 17h30. Les véhicules thermiques ne sont autorisés dans la zone piétonne que jusqu’à 9h30.


Une application stricte de la réglementation et un contrôle par la police municipale, pour inciter les transporteurs à faire évoluer leurs flux (changement de flotte ou passage par le CDU).


Les facteurs de réussite :



  • La concertation en amont du projet est le vecteur d’acceptabilité du projet et des contraintes inhérentes.

  • Flexibilité pour faire évoluer le projet : déménagements successifs pour adapter les locaux au service et adapter les coûts.

  • Le recours à un prestataire bien implanté localement (Transports Lataste), mais avec une filiale spécifique indépendante (Hemengo Erlea) qui gére le CDU afin de ne pas apparaître comme un concurrent aux confrères transporteurs. Ce prestataire est un acteur local neutre.

  • Le principe de la coopérative permet d’avoir un investissement des salariés, et donc une qualité de service reconnue par les clients.

  • Hemengo Erlea applique des tarifs au prix du marché, malgré le coût supplémentaire engendré par les véhicules hybrides et électriques. L’équilibre économique de la SCOP se trouve dans le développement d’autres activités de transport, à l’échelle de l’agglomération et de la région.


Freins potentiels au projet :



  • Concertation délicate avec des objectifs antagonistes entre les différents acteurs qui a nécessité de nombreuses mesures d’accompagnement. Par exemple, le commerçant souhaite des livraisons en fin de matinée, la collectivité souhaite des livraisons en dehors des heures de congestion (tôt le matin).

  • Coût du loyer élevé en centre-ville, problématique de la viabilité financière du projet sans les aides publiques.


Le transporteur choisit dans le cadre de l’AAP ne doit pas être perçu comme un concurrent par les autres transporteurs (peur de perte du client par la remise de marchandises à un confrère).


Afin de dépasser ces freins, plusieurs leviers :



  • Pour les transporteurs travaillant dans le centre-ville, la ville s'est engagée à amplifier la rotation sur les places de livraison avec la mise en place de disques pour les professionnels, elle a créé de nouvelles places de livraison en limite du plateau piéton et acté un principe d'aides à l'achat de véhicules propres de livraison.

  • La réglementation a également évolué afin de favoriser les véhicules peu émissifs avec des horaires de livraison élargis.

  • Subventions de la ville pour l’achat de véhicules propres pour tous les transporteurs locaux.

  • Il y a également eu en projet d’utiliser les sas des commerçants, entre la grille et leur devanture, ou alors la mise en place d’une consigne. Ces projets n’ont pas été retenus par les commerçants.


Pour le prestataire : afin d’assurer la viabilité financière du projet, déménagement dès la 2e année d’exploitation, avec un plus petit espace logistique dans le centre-ville et une plateforme plus importante en extérieur. L’activité s’est développée également à l’extérieur du centre-ville (agglomération, Pays Basque) afin de construire la rentabilité économique de l’entreprise.


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