La logistique des circuits courts alimentaires de proximité

Pendant la crise pandémique, les circuits courts alimentaires de proximité ont connu un attrait sans précédent. Ils ne sont pas nouveaux, mais ont démontré, dans ce contexte, qu’ils pouvaient être une alternative à la fois efficace, qualitative et porteuse d’un développement plus durable.

Le circuit-court : de la fourche à la fourchette

Un circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire (hors transporteur). Il existe de nombreux canaux de distribution : la vente directe à la ferme et sur les marchés, les points de vente collectifs, la livraison à domicile, la Restauration Hors Domicile (restauration collective), la vente en ligne, les consignes automatiques réfrigérées.

Pendant la crise pandémique, les circuits courts alimentaires de proximité ont connu un attrait sans précédent. Ils ne sont pas nouveaux, mais ont démontré, dans ce contexte, qu’ils pouvaient être une alternative à la fois efficace, qualitative et porteuse d’un développement plus durable. Ils participent également à l’intégration locale plus poussée des filières économiques. Les acteurs et notamment les collectivités ont mis en place des solutions pour proposer une organisation alimentaire de proximité.

Un défi logistique

Toutefois une augmentation sensible de l’approvisionnement alimentaire local soulève des enjeux logistiques (de la prise de commande à la livraison) qui concernent tant les consommateurs que les producteurs : les temps et les coûts consacrés aux tâches logistiques et de transport peuvent s’avérer des facteurs limitants du développement des circuits courts (couts logistiques peuvent représenter entre 20 et 40 % du CA des producteurs). Trouver des solutions logistiques durables passe souvent par une prise de conscience de ces enjeux et un accompagnement efficace des personnes concernées. Dès que les circuits courts de proximité sont optimisés, ils présentent un réel potentiel en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Sur la région Ile de France, Interfef (Interprofession des fruits et légumes frais) a constaté cette forte demande des consommateurs de produits locaux depuis quelques années qui se traduit par une demande des primeurs, de la restauration collective et de la grande distribution. De plus la logistique des produits alimentaires doit respecter les normes d’hygiène, et la chaine de froid. La viande et les fruits et légumes, produits fragiles de surcroit, doivent être transportés à des températures différentes.

Le contexte réglementaire est propice aux développements des circuits courts avec la loi EGALIM (loi alimentation de 2019) qui fixe parmi ses objectifs d’accroître la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle de nos produits et de favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous et intensifier la lutte contre le gaspillage alimentaire. Concrètement depuis le 1er janvier 2022, les cantines publiques ont pour objectifs d’atteindre 50 % de produits durables ou sous signe de qualité (dont 20 % de bio) dans leurs approvisionnements.

Le rôle moteur des collectivités

Les collectivités territoriales (commune, intercommunalité, département) ont des rôles à jouer, elles peuvent initier un Projet Alimentaires Territoriaux (PAT) de manière concertée avec l’ensemble des acteurs de la filière agro-alimentaire (chambre d’agriculture, …) pour renforcer le développement d’une agriculture et d’une alimentation locales et durables, en rapprochant les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les collectivités territoriales et les consommateurs. Leur déploiement adopte la même méthodologie que l’élaboration d’une démarche de logistique urbaine durable (diagnostic, définition d’une stratégie et des actions, suivi et évaluation du programme d’actions).

Dans l'agglomération dijonnaise, comme dans beaucoup de territoires, les AMAP (association de maintien d'une agriculture paysanne), le drive fermier ou encore les paniers de produits locaux bénéficient d’un succès florissant. Pour aller plus loin, Dijon métropole porte un projet avec ses partenaires locaux, à l'horizon 2030, de construction d’une grande légumerie pour constituer le chaînon manquant entre les producteurs locaux de légumes et producteurs locaux de repas de restauration collective des communes de Dijon Métropole. Les objectifs sont de donner à un grand nombre d'habitants l'accès à des produits frais, de qualité et de provenance locale, de faciliter l'accès des maraîchers et producteurs locaux à la commande publique locale et de réduire l'empreinte carbone liée aux transports des produits.

La logistique des circuits courts alimentaires peut aussi entrer dans une réflexion plus globale d’économie circulaire portée par certaines collectivités engagées dans le programme InTerLUD. Au Grand Angoulême et au Grand Annecy, des chargés de mission économie circulaire mènent des réflexions transversales (résilience alimentaire, bio-déchets et logistique inversée) dans le cadre de plan local alimentaire.

Dans le département du Vaucluse, l'association En Direct de Nos Fermes est au service des agriculteurs du département pour leur mettre à disposition des équipements et des moyens en vue de faciliter leurs ventes en circuit court de proximité, elle dispose d’un espace de stockage sur le MIN d’Avignon et de sa propre flotte de véhicules pour livrer les clients finaux. La Chambre d’Agriculture du 84 assure l’animation et comptabilité de l’association. Elle livre la cuisine centrale de la ville d’Avignon en produits locaux et a un partenariat avec le Grand Avignon pour les livraisons touristiques (1). L’association utilise Agrilocal, une plate-forme internet d’achat de produits locaux pour la restauration collective qui met directement en relation les acheteurs publics et les fournisseurs locaux dans le respect des règles de la commande publique ainsi que Socleo un logiciel de gestion logistique, de commercialisation de la distribution en circuit court.

L’enquête menée en 2020 par le RTM Alimentation locale a recensé 58 outils numériques de vente en circuits courts plutôt nationaux avec une grande diversité d’acheteurs finaux visés, majoritairement portés par des entreprises, proposant une diversité de produits (2).

Logicout est un logiciel gratuit disponible en ligne qui permet de dresser un diagnostic précis des pratiques de livraison d’un producteur ou d’un groupe de producteurs et d’évaluer différents scénarios alternatifs. Il peut alors aider à trouver des solutions de livraison qui prennent moins de temps, sont moins stressantes, voire d’étudier la façon de livrer de nouveaux débouchés, seul ou en partenariats avec d’autres producteurs. Ainsi, Logicout s’adresse aux producteurs agricoles et à tout organisme tels que les Chambres d’agriculture, Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (CIVAM), associations de producteurs. Le site met à disposition un ensemble de fiches pédagogiques pour concevoir des organisations logistiques des CC alimentaires collectives et intelligentes (3).

Le chemin des Mures propose un outil basé sur des algorithmes issus de l'institut de recherche Inria, permettant aux producteurs d’accéder à une solution de transport attractive pour livrer leurs produits et développer leur activité économique en circuits courts soit par la mutualisation des livraisons en cotransport par les producteurs soit par un transporteur professionnel par tournées (4). D’autres solutions sont présentées dans la boîte à outils du site InTerLUD.


retour aux actualités
Partager :

Ces actualités peuvent vous intéresser